Daniel Argimon

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Daniel Argimon
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Biographie
Naissance
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BarceloneVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
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BarceloneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
espagnoleVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Peintre, sculpteur, graveurVoir et modifier les données sur Wikidata
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Daniel Argimon i Granell (Barcelone, 1929-1996) est considéré comme l'un des plus importants représentants de l’informelisme catalan. Peintre, graveur et lithographe, il a également abordé la création cinématographique et la sculpture, et a enseigné la lithographie à l'Escola d'Arts i Oficis de Barcelone (Llotja). Personnalité engagée politiquement et socialement, il a participé à la fondation de plusieurs associations d’artistes dédiées à la défense de la profession. Ses œuvres ont été exposées de par le monde et sont conservées dans de nombreux musées et collections publiques d’art contemporain d’Europe et d’Amérique.

Les étapes les plus significatives de son parcours montrent un fort ancrage dans le mouvement informeliste qui se manifeste par la manipulation de la matière, l’utilisation du collage, le goût pour les textures et l’emploi d’objets de détritus. L'action du feu sur les matériaux incorporés dans ses toiles est un signe distinctif de son œuvre.

Biographie

Jeunesse

Daniel Argimon naît le 20 juin 1929 à Barcelone. Vers 1945, il réalise ses premiers dessins et, déterminé à se consacrer à l'art, il suit des cours du soir de dessin et de peinture à l'Escola Massana en tant qu'étudiant libre[1]. Son grand-père maternel dirige une maison d'édition dédiée à la reproduction d'images religieuses où Argimon travaille de 1952 à 1956 au service technique (choix du papier, couleur, etc.), activité qui influencera sa carrière[2]. Par nécessité économique, Argimon est obligé de s’engager dans différents emplois éloignés du monde artistique, dont un poste à l’usine SEAT (1957-1963). Le contact avec la réalité ouvrière aura un impact sur sa pensée, sur sa vision du monde et sur ses œuvres[3],[4],[Note 1].

En 1955, Argimon épouse Josefa Maza Meneses avec qui il aura six enfants[5].

En 1959, il entre en contact avec le monde de l'art barcelonais et participe à sa première exposition collective à l'Ateneo Colón de Poble Nou (Barcelone)[6]. Cette même année, Argimon rencontre Juan Eduardo Cirlot, poète et critique d'art, qui non seulement soutient l'émergence des nouveaux mouvements artistiques catalans de l'époque, mais aide également le peintre sur le plan personnel et professionnel[7], [6], [Note 2].

Sa première exposition solo a lieu à la galerie Kasper, à Lausanne (1961)[8]. Actif dans les cercles barcelonais qui réunissent des jeunes artistes, Argimon est membre fondateur des Ciclos de Arte de Hoy (1962) et participe à l’exposition initiale du groupe au Cercle Artístic de Sant Lluc[9]. La même année, il remporte le premier accessit du Prix de dessin Joan Miró[7]. Dès le début de années 60, Argimon présente ses œuvres individuellement en Espagne (Ibiza, Oviedo, Madrid, Barcelone, Tarragone) et au Miami Museum of Modern Art (1964). À l'occasion de l'exposition à l'Ateneo de Oviedo (1964), le critique Cesáreo Rodríguez Aguilera publie une courte monographie de l'artiste[10].

L’année parisienne

Primé par le Cercle Maillol de l'Institut français de Barcelone, Argimon reçoit une bourse du gouvernement français pour un séjour à Paris en 1965-1966, où il étudie la lithographie à l'École des Beaux-Arts et s'immerge dans les nouvelles tendances artistiques européennes, tant plastiques que littéraires et cinématographiques. Il participe à de nombreuses expositions collectives en France, notamment au Salon des Réalités Nouvelles à Paris. En Espagne, il présente ses oeuvres à Barcelone aux côtés de Colita, Curós, Galí, Guinovart, Maspons, Ràfols Casamada, Tharrats et Vallès dans l’exposition Evocació del Modernisme (Évocation du Modernisme), et dans l’exposition à l'Institut français de Barcelone, Convergencias entre el pensamiento y la plástica actuales (Convergences entre la pensée et la plastique actuelles), avec Cardona Torrandell, Cuixart, Guinovart, Puig, Gubern, Ràfols Casamada et Todó. En 1965, les villes de Santander, Ibiza et Fort Lauderdale accueillent également des expositions en solo de l’artiste[11],[12].

Une deuxième monographie consacrée à l'œuvre du peintre est publiée en 1965 avec des textes d'Areán, Cirlot, Puig et Rodríguez Aguilera[13].

À son retour de Paris en 1967, le peintre associe l’enseignement à son activité artistique, en travaillant comme professeur de dessin au Lycée français de Barcelone jusqu'en 1986. Cette même année, Argimon édite son premier portfolio d’aigueforts, El coure amb l'àcid i la resina : 5 resultats (Le cuivre avec l’acide et la résine : 5 résultats), avec une introduction de Roland Barthes, et débute ainsi une activité dans le domaine de l’œuvre graphique qu’il poursuivra tout le long de sa carrière[13].

L’expérience new-yorkaise et le cinéma

Un an plus tard, l'Institute of International Education lui accorde une bourse qui lui permet de passer neuf mois à New York (1968-1969), où il perfectionne ses connaissances en sérigraphie au Pratt Center Institute. Aux États–Unis, le peintre fait la connaissance d’artistes tels que Robert Rauschenberg, Johns, Dine et Warhol, et s’intéresse au cinéma underground, ce qui l’emmène à réaliser deux films : Nueva York (8 mm, couleur) et Ibiza Single 8 (super 8, couleur). Pendant son séjour en Amérique, il parcourt les États-Unis et se rend au Mexique où il entre en contact avec les peintres Rojo, Tamayo et Cuevas, entre autres[14],[15].

Dès son retour en Espagne, sa vocation pour le cinéma se manifeste à nouveau en 1969 avec un troisième film, Flash 69 (super 8, noir et blanc), produit par Santos Aparicio. En 1970, dans le cadre de sa collaboration avec l'atelier d'architecture de Ricardo Bofill, qui l'amène à réaliser une vaste peinture murale pour les habitations conçues par cet architecte à Moratalaz (Madrid), Argimon tourne un autre court métrage, Moratalaz (super 8, couleur), produit par l'atelier d'architecture lui-même[16]. Trois ans plus tard, en 1973, il réalise Homenatge a Rimbaud (Hommage à Rimbaud) (16 mm, couleur), court métrage parrainé et produit par le Deutsches Institut de Barcelone, avec une bande sonore du compositeur Joan Guinjoan[17],[18].

Dédication à l’estampe

À partir de 1969, et en parallèle à son activité picturale, Argimon intensifie son travail dans le domaine de l’estampe artistique : il réalise l’album Equidistancias (Équidistances), qui contient cinq sérigraphies introduites par un texte d'Enrique Salgado (1969), et conçoit le livre De oca a oca (Le jeu de l'oie) avec des photographies de José Adrián. Un an plus tard, il présente La Noticia (La Nouvelle), un album de cinq lithographies, publié par Santos Aparicio avec un poème de José Agustín Goytisolo, et fait le design du livre du poète Ramon Canals, Poemes de 7 i no res (Poèmes légers). En 1971, un album de cinq sérigraphies est publié sous le titre DA 55-71[16]. Douze gravures avec un texte d'introduction d'Ana María Moix sont rassemblées dans le dossier Consejos (Conseils), publié par Pascual Fort en 1975[17]. En 1977 il réalise un nouvel album avec cinq eaux-fortes, intitulé Eines (Outils) (La Polígrafa, Barcelone), et publie en 1983 Objets de la Nuit (Editart, Genève), avec une eau-forte et un poème de José Ángel Valente[19]. Dans le même domaine artistique, l'Union Régionale pour le Développement de la Lithographie d'Art (URDLA) l'invite dans ses ateliers de Lyon pour réaliser une édition de lithographies (1989)[20]. Outre les travaux mentionnés, l'artiste produit un grand nombre d'estampes isolées tout le long de sa carrière.

Dans le domaine de l’estampe, deux expositions individuelles sont à signaler : celle qui présente l'œuvre graphique complète de l'artiste (1988, Ulm, Allemagne), et celle organisée par le Museo Nacional de la Estampa à Mexico City (1991) où une collection des estampes réalisées entre 1975 et 1991 est exhibée[21].

Son oeuvre graphique sera présente également dans de nombreuses expositions collectives internationales dont Mini Print Internacional (Séoul, 1988) et Anthologie Estampes Originales (Lyon, 1995). Enfin, en Espagne, il convient de mentionner sa participation à des collectives telles que El Gravat de Creació. Calcografia contemporània a Catalunya (La gravure de création. Chalcographie contemporaine en Catalogne, Barcelone, 1983) et Bicentenario de la Litografía (Bicentenaire de la Lithographie, Madrid, 1996)[22]. En 1983, il reçoit le premier prix de gravure Mini Print Internacional (Cadaqués), qui reconnaît son parcours dans le domaine de l’oeuvre graphique[19].

En 1973, il est nommé professeur de lithographie à l’Escola d’Arts Aplicades i Oficis Artístics (Llotja) de Barcelone, où il enseigne jusqu’à sa retraite en 1995[17].

Années de plénitude

À partir de 1976, Argimon concilie son travail entre Barcelona et les Terres del Montsià (Tarragone), d'abord à Les Cases d'Alcanar et par la suite dans son atelier du Mas Ganda à Alcanar[23].

Il réalise de fréquents voyages à travers l’Espagne et à l'étranger pour présenter ses œuvres en expositions individuelles ou collectives. En solo il expose aux Pays-Bas, en Suisse, en France, en Italie, en Allemagne et au Mexique[24]. En 1994, l'Instituto Cervantes organise une exposition de son œuvre, qui fait le tour de plusieurs villes du Moyen-Orient : Damas, Beyrouth, Amman, Le Caire et Alexandrie[25].

Parmi les expositions individuelles en Espagne, il convient de mentionner celles qui se sont tenues à Barcelone : à la galerie Joan de Serrallonga (1978), à la galerie Àmbit (1987 et 1990), à l'Institut français (1991), ainsi que la vaste présentation de ses derniers travaux en 1994 dans la salle d’expositions du Banco Bilbao Vizcaya (BBV)[26],[25].

Au cours de cette période, l'œuvre d'Argimon est également présente dans plusieurs expositions collectives à l'étranger dont celles organisées au Mexique (Constantes del Arte Catalán Actual-Constantes de l’Art Catalan Actuel, Monterrey, 1991) ou à Paris (Autour d'Arrabal, 1991).

Au niveau national, il participe aussi à de nombreuses expositions collectives telles que Amnistia, Drets Humans i Art (Amnistie, Droits Humains et Art, Barcelone, 1976), Homenaje a Picasso (Hommage à Picasso, Malaga, 1977), Homenaje a María Zambrano (Hommage à María Zambrano, Madrid, 1989), L’informalisme a Catalunya (L’informelisme en Catalogne, exposition itinérante, 1990), Hommage à Sartre 1965 (Barcelone, 1994)[27].

Pendant ces années, l'oeuvre de l'artiste fait l'objet de trois nouvelles monographies par Josep Vallés Rovira (1976), Lourdes Cirlot (1988) et Francesc Miralles (1993). Un dossier monographique posthume est rédigé par Arnau Puig (1997)[28].

Engagement en faveur des artistes

Dès les années 80, Argimon exerce différentes fonctions et activités pour la défense des droits des artistes plasticiens. En 1982, il est nommé président de la Federació Sindical d'Artistes Plàstics de Catalunya (F.S.A.P.C.), dont les principaux objectifs sont la représentation et la promotion des intérêts économiques, sociaux, professionnels et culturels des artistes. Argimon occupe ce poste de 1982 à 1984 et est réélu en 1987 pour cinq ans. En 1990, il est nommé membre du conseil d'administration de la société des auteurs plasticiens, la VEGAP (Visual Entidad de Gestión de Artistas Plásticos), présidée par Albert Ràfols Casamada [29],[30],[31],[32].

Expositions posthumes

Le 23 novembre 1996, Argimon décède à Barcelone, victime d'un cancer. À sa mort, la critique évoque l'importance de l'artiste dans le panorama de l’informelisme catalan[31],[33]. Son œuvre continue d'être présentée dans des expositions tant en solo que collectives. Parmi les premières, on peut citer celles qui se sont tenues au Centre d'Art Santa Mònica de Barcelone (1997), au Museu d'Art Modern de Tarragone (1998) et à l'Institut français de Barcelone en commémoration du dixième anniversaire de sa mort (2006).

Notes et références

Notes

  1. Comme il l'affirme lui-même: « J’ai voulu faire une œuvre contestataire, une œuvre sociale. De cette époque j’ai gardé le souci de vouloir dire quelque chose à travers ma peinture ». Anna Maria Moix, « 24 horas de Daniel Argimon », Tele-Express, Barcelone, 6 mars 1973.
  2. Lourdes Cirlot souligne que J. E. Cirlot a été le critique « qui a publié le plus d’articles sur l’œuvre informaliste de ce jeune à qui il serait uni par une profonde amitié ». Lourdes Cirlot, «En el recuerdo», El País, 23 de noviembre de 1996, p. 32.

Références

  1. Miralles 1993, p. 554-555.
  2. Cirlot 1988, p. 10.
  3. Miralles 1993, p. 555
  4. Moix 1973.
  5. Cirlot 1988, p. 11.
  6. a et b Miralles 1993, p. 555.
  7. a et b Miralles 1993, p. 556.
  8. Cirlot 1988, p. 16.
  9. Cirlot 1988, p. 17.
  10. Miralles 1993, p. 555-557.
  11. Miralles 1993, p. 557-558.
  12. Cirlot 1988, p. 41.
  13. a et b Miralles 1993, p. 557.
  14. Miralles 1993, p. 558.
  15. Cirlot 1988, p. 45.
  16. a et b Miralles 1993, p. 559.
  17. a b et c Miralles 1993, p. 560.
  18. Cirlot 1988, p. 54.
  19. a et b Miralles 1993, p. 564.
  20. Miralles 1993, p. 566.
  21. Miralles 1993, p. 565-567.
  22. Oliver 1997, p. 47-49.
  23. Miralles 1993, p. 561.
  24. Miralles 1993, p. 561-567.
  25. a et b Oliver 1997, p. 42.
  26. Miralles 1993, p. 562-567.
  27. Oliver 1997, p. 45-49.
  28. Medina de Vargas 1998, p. 87.
  29. Oliver 1997, p. 8.
  30. Cirlot 2 1996, p. 32.
  31. a et b Parcerisas 1996, p. 44.
  32. Miralles 1993, p. 564-566.
  33. Cirlot 1996, p. 32.

Bibliographie

  • Lourdes Cirlot, Daniel Argimon, Barcelone, Àmbit Serveis Editorials, , 147 p. (ISBN 84-86147-88-3).
  • Lourdes Cirlot, « En el recuerdo », El País, Barcelone,‎ .
  • Raquel Medina de Vargas, Argimon íntim, Tarragone (Espagne), Museu d’Art Modern de Tarragona, , 126 p. (ISBN 84-88618-63-8).
  • Francesc Miralles, Argimon, Olot (Espagne), Aubert, , 590 p. (ISBN 84-86243-41-6).
  • Anna-Maria Moix, « 24 horas de Daniel Argimon », Tele-Express, Barcelone,‎ .
  • Conxita Oliver, Daniel Argimon, Barcelona (Espagne), Generalitat de Catalunya, , 60 p. (lire en ligne).
  • Pilar Parcerisas, « Mor el pintor informalista Daniel Argimon », Avui, Barcelone,‎ .
  • Josep Vallés Rovira, Argimon, Madrid, Servicio de Publicaciones del Ministerio de Educación y Ciencia, , 123 p. (ISBN 84-369-0495-8, lire en ligne).

Expositions

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